Salut à tous, jeunes otakus japonisants du dimanche en herbe de la petite semaine. Aujourd'hui, je vais déterrer cette section.
Je n'ai pas su établir un programme régulier car c'était très difficile pour vous de suivre la progression d'un étudiant consacrant une majeure partie de son temps à l'étude de la langue mais rien ne m'empêche de vous filer quelques petites astuces.
Aujourd'hui, nous allons parler de la montagne infranchissable qui effraie quiconque envisage l'apprentissage de la langue de Sôseki. Je veux bien sûr parler des kanji.
Ces idéogrammes chinois dont la langue japonaise officielle reconnue par le gouvernement en recèle environ 2000 sont la hantise des étudiants en japonais. Et pourtant, quand on sait comprendre leur fonctionnement et lorsque l'on connaît quelques astuces, on se rend compte qu'avec un peu de patience et de travail, cette montagne n'est pas si infranchissable que ça finalement.
Je vais donc commencer par vous expliquer les généralités à savoir sur les idéogrammes si vous envisagez l'apprentissage de la langue de l'archipel.
Première chose importante : il existe deux types de lectures pour les kanji :
-Le Kun-yomi est la lecture dite « japonaise » du kanji. En général, il s'agit d'un kanji correspondant à un mot. Bien qu'il peut arriver qu'un mot soit composé de plusieurs kanjis en lecture Kun-yomi.
-Le On-yomi est la lecture dite « sino-japonaise » du kanji. En général, il s'agit d'une syllable constituant un mot souvent composé de plusieurs kanji. Ils fonctionnent souvent par deux mais certains mots appartenant à des domaines spécifiques peuvent parfois en contenir sept.
Prenons un kanji qui m'est cher pour exemple : 妹 se prononce lorsqu'il est indépendant : « imouto » et signifie donc à lui seul le mot « sœur cadette ». Il s'agit ici de son Kun-yomi. On peut reconnaître un kun-yomi car il a une lecture en général plus fluide à l'oreille qui s'illustre souvent par une alternance de consonnes et de voyelles propre à la langue japonaise.
En On-yomi, ce kanji se prononcera « mai » et constitue par exemple le mot 姉妹 : shimai. Mot difficile à traduire en français car il signifie concrètement une « fratrie de sœurs ».
Revenons sur ce mot : 姉妹 (shimai) : il est constitué du kanji de la sœur aînée (ane) et de la sœur cadette (imouto). Ceci me permet de rebondir sur un point que je qualifierais de très pratique par rapport aux kanji : il s'agit du fait que si vous ne connaissez pas un mot mais que vous connaissez les kanji, vous pouvez facilement en déduire le sens en fonction de leur association. Attention toutefois, il existe des associations assez étranges qui n'ont pas toujours un sens ou alors un sens très tordu qui vient parfois d'explications anthropologiques datant d'avant notre ère. On a par exemple le mot 魚雷 (gyorai) qui signifie « torpille » dont les deux kanji sont respectivement ceux du poisson (sakana) et du tonnerre (kaminari). Oui c'est ridicule mais mine de rien, cela peut vous donner de bons moyens memotechniques et est surtout une source intarissable de private jokes entre étudiants en japonais. (Oui, il n'y a pas que les géologues, les japonologues aussi ont leurs blagues !)
Un autre point permettant de plus facilement identifier leur sens et la présence de « clés ». Malheureusement, je ne suis pas expert en matière de clés ou de radicaux mais prenons pour exemple le kanji 女 (onna : la femme). Il existe de nombreux kanji comportant cette clé : 妹 (imouto)、姉(ane)、妻(tsuma = épouse). Vous l'aurez compris, ces kanji ont tous un rapport avec la femme, d'où la présence de la clé. Attention toutefois, comme pour le cas de l'association sémantique, le rapport peut-être parfois tordu voire inexistant.
En opposition aux « clés », il existe des « radicaux » qui fonctionnent de la même manière à la différence qu'ils ne donnent pas d'indications sur le sens mais sur la lecture On-yomi du kanji. Ce kanji par exemple 剣 (tsurugi : lame, épée) se prononce en on-yomi « ken ». Ainsi, si je retrouve l’élément de gauche dans un kanji, il y a des chances qu'il se prononce également « ken » en On-yomi. Toutefois, cela ne dépend pas de la position car les clés comme les radicaux peuvent être placés sur n'importe quelle partie du kanji. Toutefois, mon expérience m'a permis de constater que les clés ont tendance à être sur la partie gauche ou supérieure et les radicaux sur la droite. Mais ceci n'est nullement à prendre comme une généralité.
Vous l'aurez compris, la langue japonaise, bien que très régulière sur le plan grammatical, est très irrégulière sur le cas de son écriture mais cela ne vous empêche pas de repérer des cas majoritaires et d'en faire des astuces pour mieux identifier ces chers idéogrammes.
Je terminerai avec deux astuces pratiques adoptées par beaucoup d'étudiants pour mémoriser les kanji :
-La première consiste à vous faire des petites cartes en papier velcro, de noter un kanji sur le recto et sur le verso, ses lectures et les mots principaux dans lesquels on le retrouve. Vous pouvez également procéder en faisant une carte par mot de vocabulaire en kanji avec sa lecture et son sens au dos mais cela vous prendra plus de temps et... plus de cartes !
-La deuxième consiste à tout noter sur un petit carnet que vous gardez toujours avec vous dans lequel vous jetez un œil dès que vous avez un instant. Faites un espèce de tableau, masquez un élément avec votre main ou un objet et voyez si vous le retrouvez. Vous pouvez également masquer le kanji et essayer de le retracer dans votre tête ou avec votre doigt dans le vide (même si, en public, vous aurez l'air d'un type se prenant pour Harry Potter.)
J'espère avoir pu vous être utile et n'hésitez pas à réagir sur ce post si vous avez des questions, je serais ravi d'y répondre.
またな!生徒さんたち!
Modifié par Hikari, 25 mai 2015 - 22:47.