Salut à tous !
Vu qu’il n’y a pas eu de chronique sur un anime la semaine dernière (parce que j’ai un peu zappé que c’était mon tour), je sors la chronique culturelle du mois en espérant que vous me pardonnerez. Pour ma première « chronique culturelle », j’ai choisi de vous parler d’un art martial très pratiqué au Japon mais beaucoup moins connu chez nous, le kendo.
Si vous ne voyez pas ce que c’est le kendo, vous avez déjà certainement vu un anime où un personnage le pratiquait. Mais si, c’est ce truc où on se bat avec un sabre en bambou et une armure… Vous voyez ?
Image tirée de Bamboo Blade.
Pour ceux que ça intéresse d’en savoir plus, cliquez sur “lire la suite” !
Le kendo, littéralement « la voie du sabre » est la version moderne de l’art ancestral de l’escrime pratiqué par les bushi, puis par les samouraïs. Il fait partie de ce qu’on appelle les budô, les arts martiaux japonais modernes apparus au milieu du 19ème siècle et qui sont, pour certains, très pratiqués aujourd’hui (je pense au judo et à l’aïkido par exemple). Les budô sont les descendants des techniques de combats médiévales (les bujutsu), tombées en désuétude avec l’apparition des armes à feu et la fin du système féodal au Japon. Le kendo peut donc être vu comme un héritier des techniques guerrières de combat au sabre (kenjutsu).
Comment le kendo a-t-il été créé ?
À l’époque Meiji (1868-1912), le Japon s’ouvre au reste du monde (souvenez-vous de l’épisode des kurofune que Saad vous a raconté dans sa chronique). Le Japon se modernise et le système de caste disparaît. En 1876, une loi interdit le port du sabre : on peut voir cela comme l’événement qui signe la fin définitive des samouraïs. Les maîtres décident alors de démocratiser leur enseignement afin de pouvoir continuer leur pratique. Les représentants de plusieurs écoles de kenjutsu (qui développaient chacune leurs propres techniques) s’harmonisent et jettent les base du kendo moderne. Le mot « kendô » apparaît en 1912 lorsqu’une commission de grands maîtres crée les Nihon Kendô no Kata (les kata du kendo). Les kata sont un ensemble de techniques arrangées en un certain nombre de séquences qu’il faut pouvoir exécuter (plus d’informations dans la suite de la chronique).
Si une histoire plus complète du kendo, et notamment l’histoire de son arrivée et de son développement en France, vous intéresse, je vous conseille cet excellent article de M. Tanguy L’Aminot : .
Entraînement dans une école d’agriculture.
Quels sont les grands principes du kendo ?
Le kendo est un art martial qui se pratique à l’aide d’un shinai (sabre « droit » de bambou) ou d’un bokken (katana en bois) pour les kata. Lors d’un combat, les adversaires se mettent en garde et tentent de toucher l’adversaire à un endroit valide. Pour qu’une frappe soit considérée correcte, elle doit répondre à de nombreuses exigences.
La garde
Commençons par la garde, car c’est par là que ça démarre ! Avant de réaliser une frappe (dans un exercice ou dans un combat), les partenaires ou adversaires se tiennent en garde. La pointe du shinai de chaque kendoka vise la gorge de l’autre. Ainsi, si l’un des deux kendoka se précipite et avance pour attaquer sans avoir préalablement briser la garde, il vient « s’empaler » sur le shinai de l’autre. Cette garde, qui est la principale, se nomme Chudan no Kamae. Il en existe d’autres mais elles ne sont pas utilisées avant un certain niveau, et les décrire ici ne vous donnera pas un meilleur aperçu de ce qu’est le kendo (étant moi-même débutant, je n’en ai jamais utilisé d’autre).
Des kendoka se tiennent en garde.
La frappe
Après la garde vient la frappe. À partir de la garde, il est possible de frapper l’adversaire en un pas. Au kendo, il n’existe que 4 frappes :
[*]
men : la tête
[*]kote : les poignets
[*]dô : les flancs
[*]tsuki : coup d’estoc à la gorge
[/list]
Seul les trois premiers sont utilisés au début. Le quatrième coup pouvant être dangereux s’il est mal exécuté. Évidemment, même s’il n’y a que quatre frappes, il existe de multiples manières de les porter : directement à partir de la position de garde, après avoir éviter le coup de l’adversaire ou après une parade, ce qui fait au final bien plus de quatre techniques à assimiler.
Pour qu’une frappe soit valable, il faut évidemment toucher un endroit valable, mais il est nécessaire qu’une partie précise du shinai touche l’adversaire, il s’agit du Mono-Uchi sur le schéma ci-dessous.
La partie nommée Mono-Uchi doit toucher l’adversaire.
Ki ken tai no ichi
Même en frappant l’adversaire au bon endroit avec la bonne partie du shinai, une frappe n’est pas correctement exécutée si le principe du ki ken tai no ichi n’est pas respecté. Le ki, c’est l’engagement, la détermination à porter le coup. Il est matérialisé par un kiai qui doit avoir lieu au moment de la frappe. Le kiai est un cri poussé en expirant, qui vient du ventre, et qui permet de marquer l’assaut. Au début, on crie le nom de la frappe qu’on exécute (men, kote, dô). Le ken, c’est le sabre, le coup porté, qui doit respecter les principes décris plus haut. Le tai, c’est l’engagement du corps : lorsque le coup en porté, un déplacement particulier marqué par une frappe du pied au sol doit être effectué. Ichi signifie « un ». ki ken tai no ichi signifie donc que le déplacement, la frappe et le kiai doivent être réalisés en un temps (le shinai touche l’adversaire en même temps que le pied touche le sol et en même temps que le cri est porté).
Zanshin
Ce n’est pas encore terminé ! Même si une frappe a été exécutée parfaitement, il faut encore respecter un dernier principe pour que le coup soit correct. Ce principe se nomme zanshin et peut se traduire par « la vigilance ». Le zanshin est le fait de rester constamment en état de vigilance, aussi bien physiquement que mentalement, et donc de ne pas se relâcher après avoir porter un coup. Après avoir attaqué, le kendoka doit se remettre immédiatement en garde face à l’adversaire et être prêt à attaquer de nouveau.
L’étiquette
Enfin, l’étiquette, comme dans tous les budô, prend une place importante au kendo. Le salut en début et fin de cours, la manière de se tenir pendant les explications (tenue du shinai notamment) et la manière de mettre et d’enlever son armure sont parfaitement codifiés et doivent être respectés normalement en toute circonstance. L’importance de cette étiquette peut cependant largement varier selon les enseignants. L’étiquette est la manière de montrer son respect envers le professeur, les autres pratiquants, le matériel, le dojô et la pratique. L’étiquette est profondément ancrée dans la tradition des arts martiaux japonais et découlent directement des grands principes philosophiques liés depuis toujours à la pratique des arts martiaux.
Les kata
Je vous l’avais promis plus haut, voici quelques précisions supplémentaires sur les kata. Les kata du kendo ont donc été mis au point en 1912 par un groupes de maîtres japonais, représentant les écoles majeures de kenjutsu. Il s’agit de séquences de techniques codifiées, exécutées par deux personnes, l’une jouant le rôles d’attaquant (uchi dachi), et l’autre concluant l’action (shi dachi). Les kata s’exécutent à l’aide d’un bokken (sabre en bois). Pour les haut gradés, ils peuvent s’exécuter avec un katana. L’objectif est de pouvoir exécuter le kata de manière fluide et sans faute technique. C’est une manière de transmettre les techniques, et la répétition des kata permet de s’améliorer dans la pratique du kendo en général.
Vidéos youtube : les 10 kata sont exécutés.
En quoi consiste l’armure ?
Je vais terminer cette chronique en parlant rapidement de l’équipement car celui-ci est assez conséquent. Au kendo, on le hakama (sorte de pantalon très large, aussi porté en aïkido) et le kendogi (veste en coton avec les manches qui s’arrêtent avant les poignets). Au bout de plusieurs mois de pratique, l’armure est utilisée. Celle-ci est composée du men, un casque grillagé qui protège la tête, les épaules et la gorge, des kote qui protègent les poignets, du dô espèce de plastron protégeant les flans, et le tare, protégeant les cuisses. Un tissu appelé zekken portant le nom du kendoka et le nom du dojo peut être enfilé sur la partie centrale du tare.
Schéma d’un kendoka équipé.
Pour terminer
Il y aurait encore énormément de chose à dire sur le kendo, le déroulement d’un entraînement, les différents exercices et formes de combat, la pratique à travers le monde… Mais le but de cette chronique est de vous donner un aperçu de ce qu’est le kendo, pas d’écrire un livre dessus (je n’en ai de toute façon pas la compétence). Alors pour terminer, voici la vidéo d’un combat.
Sources
Excepté la première, les images viennent de wikimedia.org.