Les rêves bercent nos nuits… et s'ils hantaient nos jours ?
Bonjour à tous, cette semaine c'est le style « Énigme et policier » qui l'emporte. Je ne sais pas pour vous, mais moi quand on me parle de ce style, j'ai immédiatement en tête des séries du genre NCIS ou Les Experts avec des épisodes qui, à mes yeux, se ressemblent tous.
Que diriez-vous si on essayait d'y rajouter des éléments oniriques et sujets à l'interprétation ?
Nous voilà entrainés dans une enquête qui devra se mener sur deux fronts : aussi bien dans les rêves que dans la réalité. Nous voilà entrainés dans l'univers de Paprika.
Ce film est une adaptation du roman de Yasutaka Tsutsui (La traversée du temps) par un studio d'animation qui est, à mes yeux, l'un des meilleurs du Japon: Madhouse (Death note, la nouvelle version de Hunter x Hunter, Monster, Claymore (chronique), No game no life…).
Pour réaliser cette adaptation, on retrouve Satoshi Kon qui est connu surtout pour les réalisations de Perfect Blue (chronique), Millennium Actress et Tokyo Godfathers.
Synopsis
Dans un futur proche, un laboratoire est parvenu à créer une machine, la DC-mini, permettant d'entrer dans les rêves des autres. Cet appareil révolutionnaire pourrait permettre de comprendre l'inconscient de patients atteints de troubles psychologiques, ou tout simplement de partager ses rêves avec ses amis.
Cependant, alors qu'ils étaient encore en phase de test, trois DC-mini ont été volées. Placés entre de mauvaises mains, ces appareils peuvent être dangereux : manipuler les rêves reviendrait à manipuler l'inconscient, l'essence même d'une personne, et donc à la contrôler. Les responsables du projet se lancent donc à la recherche du coupable qui semble bien décidé à faire sombrer dans la folie quiconque tenterait de lui barrer la route.
Personnages
Astuko Chiba : En tant que responsable du projet DC-mini, c'est à elle que revient la responsabilité de retrouver les DC-mini volées. Très réservée, cela ne l'empêche pas d'être très douée pour explorer et comprendre les rêves.
Paprika : Cette fille facétieuse a dérobé des DC-mini par le passé et s'en sert à des fins thérapeutiques (bien que ce soit encore illégal). Le coupable du nouveau vol étant bien plus malfaisant qu'elle, elle semble vouloir aider les enquêteurs à l'arrêter.
Toshimi Konokawa : Tourmenté par ses rêves, ce commissaire fait appel Paprika et aux DC-mini pour essayer de les comprendre. Il est chargé de l'affaire de la disparition des DC-mini.
Tosaku Tokita : C'est l'inventeur qui a mis au point les DC-mini. Bien qu'étant un génie incontesté, il garde une personnalité assez infantile et est incapable d'assumer une quelconque responsabilité. Il souffre également d'une sévère obésité.
Je pourrais encore parler de deux/trois personnages, mais l'histoire tourne surtout autour de ces quatre-là. Atsuko et Konokawa en particulier sont bien développés et ont une évolution des plus intéressantes.
Graphismes
On attaque là le point qui fâche. Les graphismes de Paprika ne sont pas vraiment mauvais mais ont pour défaut d'être assez pales, au point parfois d'en devenir fades. J'imagine que le but était de créer un contraste avec les rêves, mais en pratique ça marche mal. Même si les rêves sont plus colorés, la différence est trop légère pour qu'on sente un réel contraste.
La conséquence directe est le chara-design : les personnages manquent tellement de couleurs qu'ils donnent souvent l'impression d'être fantomatiques. Ne serait-ce qu'à cause de leur apparence, aucun personnage ne nous donne envie de nous attacher à lui, aucun n'est mignon, charismatique, intriguant ou classe. Ils ont juste une apparence terriblement ordinaire (exception faite de Tokita dont l'obésité en dégoutera plus d'un). Même Paprika qui est censée être un personnage des plus exubérants (et au niveau de la personnalité, elle l'est) se retrouve avec une apparence tellement banale qu'elle est obligée de porter un T-shirt rouge pour gagner en présence.
Bande son
Au niveau de l'OST, il y a principalement deux musiques qui sortent du lot : Parade, qui illustre un rêve récurent du film, et le générique Byakko no musume avec ses nombreux remix. Je m'attarderai sur cette dernière. Cette musique a été prévue pour être énergique et entrainante, mais aussi futuriste et originale. Cette volonté est clairement mise en pratique par la première utilisation du logiciel Vocaloid dans un film (je rappelle qu'on est en 2006 et que la popularité de Vocaloid ne décollera que l'année suivante avec la deuxième version du logiciel).
Les autres musiques sont plutôt bonnes pour soutenir l'ambiance, mais sont trop discrètes pour qu'on les remarque réellement.
Entre rêve et réalité
Ce film joue énormément sur la frontière entre ces deux mondes. Il n'est pas rare qu'on se retrouve à rêver en pensant être dans la réalité. Cette frontière est tellement facile à franchir qu'on en vient à rester en permanence sur nos gardes. À chaque instant, on garde en tête l'idée que ce que l'on prend pour la réalité pourrait être un rêve.
À l'inverse, il est tout à fait possible de s'égarer dans les rêves et d'en finir prisonnier, incapable de se réveiller… et dans le pire des cas, d'en perdre la raison. Mais malgré les risques, il est tout de même nécessaire de plonger dans les rêves, puisque les réponses au mystère se trouvent aussi bien dans les rêves que dans la réalité.
Conclusion
Ce film entre rêve et réalité exploite habilement un principe à la fois original et déstabilisant (ce principe sera d'ailleurs repris dans Inception qui cite Paprika comme une de ses principales inspirations). Les scènes sont parfois WTF (bien que je pense qu'avec l'excuse du rêve, il y avait moyen de faire bien pire) mais aussi étranges soient-elles, l'enquête nous donne toujours envie de les comprendre, de leur chercher une interprétation qui nous aiderait à résoudre le mystère.
En revanche, le principal problème vient des graphismes qui font perdre aux personnages énormément de présence et les rend tout sauf attachants.
Cet anime est licencié en France mais vous pouvez tout de même venir en discuter sur sa fiche.
Modifié par beixoultes, 08 décembre 2014 - 20:40.