Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle chronique !
Quoi ? Déjà ? Ça fait beaucoup deux semaines de suite.
Quand la chronique sort en retard tu n’es pas content, et quand elle sort à l’heure non plus. T’es jamais content en fait.
Non. Et c’est ça que mon public aime chez moi.
Parce que tu as un public ?
Oui. On apparait sur la page d’accueil, et du coup beaucoup de gens me lisent sans pour autant cliquer sur le lien de la chronique. J’ai un public, et plus nombreux que le tien.
Peut-être que je devrais mettre mes introductions à la fin alors…
Tu te rends que ce que tu viens de dire est idiot ?
Junketsu no Maria
Chronique garantie sans spoilers !
Junketsu no Maria (en français Maria, Sorcière de gré, pucelle de force !) est un anime de 12 épisodes diffusé pendant la saison d’hiver 2015 au Japon. Réalisé par Gorou Taniguchi (Code Geass, Planetes) et produit par le studio Production I.G (Psycho-Pass, xxxHolic). Il s’agit de l’adaptation du manga éponyme écrit et dessiné par Masayuki Ishikawa (Moyashimon) publié entre 2008 et 2013.
Une petite rivière, un joli pont de pierre et des arbres tous verts. Et devant, une sorcière.
L’histoire de la guerre de Cent ans ? Non, juste le contexte.
L’histoire raconte les aventures de Maria, une sorcière qui vit dans la campagne française, surement entre 1431 et 1453, pendant la guerre de Cent ans. Mais Maria n’est pas la vieille méchante sorcière qui mange les enfants que l’on retrouve dans les contes. En réalité il s’agit d’une jeune fille (peut-être pas si jeune que ça, l’anime reste assez mystérieux là-dessus) qui habite une cabane dans les bois et qui passe son temps à concocter des potions médicinales pour les habitants du village voisin. Autrement, elle s’occupe en faisant irruption de manière spectaculaire sur les champs de bataille pour empêcher les combats entre Français et Anglais. Car Maria a horreur de la violence, au grand désespoir des seigneurs locaux et de leurs mercenaires.
Néanmoins, son action attire l’attention de Dieu et particulièrement de l’archange Michael. Celui-ci l’accuse de perturber l’ordre naturel des choses, et la condamne à ne plus utiliser sa magie en présence des Hommes, sous peine de mort. En échange, il lui propose, ou la menace, (cela dépend du point de vue) de la débarrasser du fardeau que sont ses pouvoirs si elle venait à perdre sa virginité.
D’accord, j’avoue que ça ressemble plus à une menace.
Une sorcière qui n’a rien d’une sorcière, même pas le balais !
Notre vierge Maria (voilà, pour ceux qui n’auraient pas compris la référence) va donc devoir faire un choix : renier ses principes, fonder une famille et passer à autre chose, où bien continuer à empêcher la guerre avec l’aide de ses familiers Artémis la succube et Priapos l’incube. Ce qui ne sera pas si difficile malgré la présence d’Ezekiel, un ange chargé par Michael de veiller à ce qu’elle respecte ses ordres. Et c’est là que l’anime part sur deux chemins différents: à la fois Maria, en tant que personnage de femme forte, va refuser le contrat de Michael et continuer de se battre, mais la surveillance d’Ezekiel est souvent mise à mal par des petits détails, souvent comiques, et du coup passe au second plan, ce qui rend la menace de Michael finalement assez lointaine et peu crédible. Ainsi le conflit moral auquel Maria est supposée être confrontée est presque oublié. Et c’est bien dommage car le personnage est relativement bien écrit sur tous les autres points, et on s’y attache facilement.
Les personnages secondaires sont assez peu développés et, en dehors de Joseph, un jeune villageois qui apprécie beaucoup Maria (référence, référence…) et qui nous permettra de pouvoir observer de l’intérieur la vie des soldats et des mercenaires à l’époque, il y a trop peu de choses à dire. Les autres personnages sont soit assez clichés soit ont un rôle anecdotique. Même le méchant prêtre Bernard qui semble tirer les ficelles et comploter en permanence manque de substance, comme les autres sorcières comme Viv, qui n’ont pas de rôle significatif avant les tous derniers épisodes.
Néanmoins, cela permet de se focaliser sur le petit groupe autour de Maria, dont les relations sont agréables à voir se construire et évoluer, et ce n’est déjà pas si mal.
Dommage que le mythe des vampires ait remplacé celui des succubes. Parce que quitte à choisir comment mourir…
Univers médieval ou fantastique ?
La représentation que fait Junketsu no Maria du Bas Moyen-Âge en France reste plutôt cliché et tombe parfois dans la facilité : l’église et ses prêtres sont malveillants et corrompus, comme les seigneurs et les puissants qui exploitent les plus faibles, etc… Les seuls personnages moralement bons sont (paradoxalement) Maria la sorcière, ses démons, et ses amis, qui sont justement contre les méchants seigneurs et prêtres.
Mais d’un autre côté, est-ce que ce genre de manichéisme n’est pas le propre des contes ? Opposer clairement le bien et le mal c’est ce qui est le plus simple narrativement parlant, mais dans un univers qui se veut quand même assez fantastique, qui se déroule dans un monde très proche de la fantasy par moments, (ce qui est normal, puisque c’est le Moyen-Âge qui a inspiré le genre) cela donne le sentiment d’une certaine cohérence dans la construction du récit. En revanche, cela rend le tout moins réel, comme le serait un conte. On y voit plus une histoire symbolique où c’est la morale qui prime sur l’histoire, le contexte et même les personnages.
Ainsi, historiquement parlant, en ne prenant de toute façon pas en compte bien sûr toute la magie, les interventions divines et autres aspects fantastiques, cet anime n’a rien d’autre d’historique que son contexte. Cependant, ce contexte retranscrit des choses que l’on voit rarement du Moyen-Âge : les luttes d’influences entre seigneurs et membres de l’église, toutes les affaires et les problèmes du mercenariat et le début de ce qu’on appelle « l’économie de guerre » où les profiteurs s’affrontent pour faire de l’argent sur le dos des bélligérants, tout ce qui touche à la guerre elle-même comme l’équipement des soldats et même les techniques de combat que l’on peut voir ont vraiment été recherchées et sont aussi réalistes que ce que l’on peut en savoir.
Bref, le contexte est très recherché et, lui pour le coup, ne se contente pas d’aligner les clichés que l’on peut voir partout sur le Moyen-Âge.
Une fête de village typique de l’époque.
Un Moyen-Âge sexy.
Vous l’aurez compris au titre, le design de la tenue de certains personnages relèvent clairement du fanservice et aucunement d’une réalité historique ou même d’une quelconque excuse surnaturelle, excepté peut-être pour Artémis: après tout, c’est normal pour une succube de vouloir déchaîner les passions masculines.
Autrement, visuellement la réalisation est belle. Les paysages sont fins, l’ambiance est toujours bien travaillée et le tout est assez immersif. En dehors de Maria et quelques autres qui ont le visage tout rond, (et du coup, plus faciles à manier pour les rendre expressifs) les personnages ont des visages marqués et plutôt détaillés. I.G Production prouve encore une fois qu’ils sont très forts en animation, car aussi bien les batailles que les affrontements magiques sont fluides et agréables à regarder.
La musique accompagne merveilleusement les situations, et en les ré-écoutant à part j’ai décidé de les garder car elles sont parfaites comme musiques d’ambiance, généralement douces, calmes et parfois un peu mystérieuses. Rien à en redire.
Non, non… les balais ne servent pas à faire le ménage dans les arbres.
Une conclusion loin d’être magique.
Junketsu no Maria est donc plus un anime fantastique qu’historique, même si certains points ont le mérite d’être assez respectueux de la réalité. Mais de la même façon qu’en Occident on a tendance à stéréotyper le Japon sur certains points de son histoire, en particulier autour de son Moyen-Âge (et oui, encore…) et de ses premiers samouraïs, est-ce que Junketsu no Maria ne fait pas en quelque sorte la même chose dans l’autre sens ? La différence de culture transformant au passage notre Moyen-Âge en un univers fantastique, proche de la fantasy.
Quoi qu’il en soit, vous l’aurez compris, Junketsu no Maria mérite un visionnage. Déjà parce que son histoire et ses personnages sont sympathiques, et en plus parce qu’elle montre certains aspects du Moyen-Âge que, même en Occident, on ne montre pas assez souvent.
Merci de m’avoir lu ! N’hésitez pas à réagir et à donner votre avis (surtout s’il est différent du mien). Quant à moi je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour une nouvelle chronique !
« Dis ! Tu n’as pas chaud avec tous ces vêtements ? Fais comme moi, c’est plus frais ! »
Modifié par Mutsurini, 14 mai 2018 - 21:25.