Une semaine après Halloween et vous en voulez toujours ? Décidément, vous êtes monstrueux. Cette semaine, le thème choisi est l’Horreur !
Donc, je vous en ai trouvé un pour le moins dérangeant et assez original.
La Chronique de Loveleuste vous présente : Perfect Blue
Ames sensibles, prenez garde ! Perfect Blue est avant tout destiné à un public adulte. Ce film datant de 1997 comporte quelques scènes d’une rare violence. Pendant 81 mins, l’auteur Takeuchi Yoshikazu nous transporte dans l’univers d’une idole japonaise déchue. Et c’est bien sur le studio Madhouse qui est le producteur de ce chef d’œuvre (Tower of Druaga, Black Lagoon).
Un petit point « Le saviez-vous ? » pour mieux comprendre le double message du film. Revenons sur la notion d’Idole ou aidoru アイドル au Japon. Ce n’est pas une “star” temporaire contrairement à la définition française, cela renvoie à une fonction salariale artistique sous contrat pendant une période de temps déterminé. Ces artistes sont très encadrés, ne peuvent pas faire ceci ou cela. Ce sont très souvent des jeunes filles (il y a aussi des idols garçons mais le concept est moins marqué, on parle plutôt de « Johnnys ») qui sont à la fois chanteuses, actrices, animatrices et aussi modèle. Pendant tout ce temps, les médias les assaillent et c’est ce qui fait leur popularité puis leurs contrats s’achèvent pour que d'autres plus jeunes prennent la relève (cercle vicieux...). La plupart du temps, elles sombrent après dans l’oubli. Il y a toute une image qui accompagne ces artistes, ils doivent renvoyer une apparence gaie, pure et innocente aussi tout dérapage et c’est la fin. Les médias s'en donne à coeur joie et les fans sont particulièrement exigeant envers leurs idoles.
Revenons à notre Horrifique Drame que ce film « Perfect Blue ». Il nous présente une célèbre chanteuse du nom de Mima d’un groupe de trois idoles pop qui décide d’entamer une carrière solo en commençant par un second rôle au sein d’une série télé. Mais elle va vite découvrir qu’elle ne maîtrise pas toute sa vie et que finalement elle n’est peut-être pas ce qu’elle croit être entrant ainsi dans une chute paranoïaque mortelle entouré de cadavres semant sa route.
Perfect blue est un film qui est à la fois un thriller qui nous prend, nous balade et nous perd jusqu’à la scène finale mais c’est aussi une magnifique critique de la société concernant le phénomène qu’est la pop japonaise.
Préparez-vous à en perdre l’esprit ?
Notre héroïne est charmante à souhait et c’est avec une certaine tristesse qu’on la voit plonger toujours plus profond dans la folie. La peur au cœur, nous la suivons dans les méandres de son délire, emplis de doute attendant le prochain meurtre :
Datant de 1997, ce film a fait parler de lui à sa sortie. Tout d’abord, au Japon par rapport au sujet traité mais également dans les papiers des critiques européens. Nous le savons tous, il est difficile de faire voir à des néophytes toute la splendeur des grandes séries d’animation ou aussi de film tel que Akira ou Perfect Blue sans passer pour des « gamins » ou des adultes attardés. Aussi, en 1997, remettez vous dans le contexte, le marché du manga n’était pas à son niveau actuel et les films de Miyazaki avait du mal à s’imposer dans nos salles. Perfect Blue a contribué à faire tomber un cliché et le pari était risqué au vu de certaines scènes d’un réalisme très perturbant (je pense particulièrement à une scène que Mima devra tourner qui m’a mis particulièrement mal à l’aise). J’ai retrouvé d’anciennes critiques anglaises sur ce film, je me permets de vous en traduire une:
- Total War par Essi Berelian : « Les films d’animation japonaise ont la réputation d’être des boulets, sexuellement dérangeant et chargée d’hémoglobine – les exemples ne manquent pas, ils sont souvent d’un public particulier et donc apparaissent rarement dans nos salles. Cependant, Satoshi Kon avec ce merveilleux thriller a le potentiel de briser ce stéréotype ».
Comme vous pouvez le constater, nous étions (sommes ?) les renégats du cinéma du coté occidental ^^’.
Ne vous étonnez pas du graphisme, actuellement nous nous sommes habitué à une certaine finesse mais là vous replongez dans des dessins plutôt du genre old school d’un réalisme poignant. Au niveau de la musique, j’ai bien aimé les morceaux du groupe de Mima au début et ensuite on tombe dans une frénésie auditive au rythme des événements haletant du film.
Comparé à du Hitchcock rencontrant Walt Disney, je me contenterais dire que seulement Hitchcock ait passé par là (avec tout le respect que j’ai pour ce cher Walt, il n’aurait jamais pu penser à ça même un Alan Poe dans sa manche).
Ce film est noir, très noir. Il est violent, très violent. Il est vieux et peu connu ce qui regrettable. Je lui mets la note de 18/20.
(Rumeur : Black Swan se serait un inspiré de ce film)
Et vous, qu'en pensez-vous ?
http://forum.animeserv.net/index.php/topic/6390-perfect-blue/
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