Bonjour à tous !
On a toujours aimé adapter tout et n'importe quoi au cinéma, aujourd'hui plus que jamais. Romans, jeux vidéos et, évidemment, ce qui nous concerne ici, les animes.
Parlons donc d'un anime d'actualité à cause de son adaptation cinématographique prévue pour cette année, qui a surtout déclenché une vague d'inquiétude parmi ses fans: Ghost in the Shell.
Ghost in the Shell
Beaucoup le connaissent sûrement déjà, mais comme j'aime enfoncer les portes ouvertes je me dois d'en faire tout de même un petit résumé: Ghost in the Shell est un film d'animation de 83 minutes produit par le studio Production I.G., (Psycho-Pass, xxxHolic) réalisé par Mamoru Oshii (Patlabor, Jin-Rou) et sorti en 1995.
L'anime compte une version alternative avec Stand Alone Complex, un préquel avec les films et les séries ARISE, ainsi qu'une suite, Ghost in the Shell 2: Innocence.
Toutes ces différentes versions sont inspirées par le manga éponyme du film publié entre 1989 et 1991 dessiné par Masamune Shirow. (Appleseed)
"J'ai un doute, c'est 7 ou 8 minutes de cuisson pour les oeufs durs?"
2029: Le futur vu du passé.
20 ans après sa sortie Ghost in the Shell est toujours porteur d’un message fort et même plus actuel que jamais, et c’est ce qui l’a fait entrer dans la mémoire collective plus que son scénario. Ce dernier est assez simple et les quelques twists qu’il propose ne sont pas vraiment surprenants, ceux parmi vous, donc, qui rechercheraient un film qui leur retourne le cerveau n’y trouveront pas satisfaction. Mais ne partez pas tout de suite pour autant ! Ce film a beaucoup d’autres choses à proposer.
Alors de quoi parle-t-il exactement ? Ce film nous permet de suivre la Major Motoko Kusanagi, chef des opérations sur le terrain de la Section 9, une division de la police qui s’occupe des affaires cybercriminelles.
Parce que oui, en 2029 les affaires cybercriminelles se déroulent sur le terrain, étant donné que dans cet univers les cyborgs représentent une part non-négligeable de la population, d’ailleurs Kusanagi en est elle-même un, même si la qualifier de « cyborg » serait peut-être un peu exagéré, étant donné que la dernière chose qu’elle a encore d’humain est une partie de son cerveau.
Batou c'est le meilleur... sauf pour les missions d'infiltration.
Robot à tout faire.
C’est une des raisons qui fait qu’elle n’hésite pas à mener des opérations particulièrement risquées et qu’elle mettra ses capacités à profit dans ce film ou elle poursuivra le Puppet Master, (ou le Marionnettiste) un hacker extrêmement doué dont personne ne sait rien et qui échappe aux forces de police depuis de longs mois.
Accompagnée par ses collègues de la section 9: Batou, un ancien militaire lui aussi cyborg, et Togusa le seul humain du groupe, elle aura à pister et affronter ce Puppet Master pour l’empêcher d’atteindre son mystérieux objectif.
En moins de 90 minutes il va sans dire que le film va très souvent à l’essentiel et ne « perd » que très peu de temps à installer son univers. Toutefois il parvient quand même à le créer et à le faire vivre à travers les nombreux détails qu’il nous offre à voir, et il y en a des choses à voir.
Vous l'aurez deviné: ce ne sont pas les quartiers chics.
Musique marquante pour dystopie planante. Et le contraire.
J’ai dit que le film ne « perdait » pas de temps mais ce n’est pas pour autant qu’il ne le prend pas. En effet, même si cela donne l’impression de parfois casser le rythme de l’action il y a plusieurs passages contemplatifs et musicaux de toute beauté. La finesse et la richesse du dessin des paysages urbains nous rappelle que nous sommes dans un anime des années 90, et même si le ton gris et lourd de ce Tokyo futuriste quelque peu dystopique peut ne pas paraître spécialement attrayant il offre néanmoins une vision fascinante qui n’est pas sans rappeler le film Blade Runner (Riddley Scott) dont l’influence est évidente.
Tout cela est sublimé par la bande-son de Kenji Kawai (Ranma1/2, Mob Psycho 100) dont les profondes notes de synthétiseur et les choeurs féminins accompagnés des nombreux instruments de percussions métalliques (gongs et autres cloches) renforce un côté très mécanique, que l’on retrouve dans tout le film jusque dans ses thèmes: les cyborgs et leur enveloppe synthétique sont-ils encore vraiment humains ?
En 2029 les tatouages sont passés de mode, en revanche les quadruples connecteurs c'est le top.
Beaucoup d’interrogations, peu de questions, encore moins de réponses.
C’est la question essentielle que pose ce film Ghost in the Shell: qu’est-ce que l’humanité chez un humain… qui n’a plus vraiment grand chose d’humain ? (en dehors de son apparence à la limite) Le lieutenant Kusanagi elle-même doute d’être humaine, doute que son âme (ou comme ils le nomment, son ghost) ne soit autre chose qu’un programme informatique conçu pour lui faire croire qu’elle est humaine. Question légitime dans un monde ou les différences entre l’Homme et la machine sont devenues indiscernables et vivent connectés de façon totalement dépendante. Le film aime d’ailleurs jouer avec cette ambiguité, par exemple à travers la fréquente nudité de Kusanagi dont le corps à la féminité indéniable est pourtant une effrayante arme de guerre qui ne laisse rien paraitre.
Il est regrettable que le film ne fasse qu’effleurer le sujet et soit très implicite, mais il a le mérite de soulever pas mal de questions qui, 20 après sa création, sont toujours pertinentes.
Même les robots ont droit au meilleur shampooing pour leurs cheveux synthétiques.
Je me suis fait hacker ma conclusion, donc en voilà une à la va-vite.
Ghost in the Shell est un must-see. Non seulement car il a de nombreuses qualités, mais surtout parce qu’il est rentré dans la culture populaire et a beaucoup influencé (et continue de le faire) le style cyberpunk, on peut même sans exagérer en parler comme d’une « référence » du genre. Un référence encore « vivante » avec les séries et les films qui ont continué à sortir régulièrement, enrichissant ainsi son univers.
Tellement vivant qu’Hollywood a décidé qu’il serait rentable d’en faire lui-même une adaptation. Si les raisons d’être inquiet sur la qualité de ce film sont grandes (réalisateur « débutant », précédents d’Hollywood concernant les adaptations de manga, absence de Kenji Kawai à la musique mais pourquoi !? et j’en passe) il n’en est pas moins un ajout à l’univers Ghost in the Shell et, espérons-le, lui apportera une nouvelle profondeur et surtout qu'il sera bon, pour faire connaitre l'oeuvre à un public (encore) un peu plus large.
Quoi qu’il en soit de la qualité de ce futur film je n’ai qu’un conseil: regardez le Ghost in the Shell de 1995, lui il est bon et c’est certifié.
Merci de m’avoir lu ! N’hésitez pas à donner votre avis (encore plus s’il est différent du mien) et à la prochaine chronique !
J’ai mis tellement de temps à sortir cette chronique qu’AS a réduit mon salaire par deux…
Liens utiles:
Fiche de l'anime.